LE DERNIER DES NÔTRES D’ADELAÏDE DE CLERMONT-TONNERRE

Publié le 19 / 06 / 2017

https://www.babelio.com/livres/Clermont-Tonnerre-Le-dernier-des-notres/850206 

Publié chez Grasset, Le Dernier des Nôtres affiche sur sa jaquette une belle photo en noir & blanc où se font face la silhouette gracile d’une femme et celle, plus imposante, de l’Empire State Building. Plongée directe dans le New York des années 70, où se passe une grande partie du récit. Sous le titre, une phrase précise : « une histoire d’amour interdite au temps où tout était permis… ». À première vue, ça a l’air gentil, suave et sucré, doux comme une déclaration. Un homme, une femme, chabadabada ! Une intrigue, des personnages, un peu de sexe, de l’amour tout autour. Sauf que…



Sauf que derrière la couverture bien lisse, les premiers chapitres un peu à l’eau de rose se tordent et se transforment en un roman qui prend peu à peu de faux airs de polar, voire de tragédie. De la lectrice sceptique que j’étais au début, je devins vite accro à cette histoire qui mêle habilement deux histoires, deux époques, deux continents, deux frères, deux femmes, des amis chers et quelques ennemis féroces disparus aux quatre coins du monde.

Le livre s’ouvre sur une phrase belle comme une pub des années 20, comme une photo tirée d’un film de Jacques Deray : « La première chose que je vis d’elle fut sa cheville, délicate, nerveuse, qu’enserrait la bride d’une sandale bleue ». Le narrateur, Werner, raconte son coup de foudre pour une sublime jeune femme croisée un jour dans un resto. Rebecca. Je n’ai pas pu m’empêcher de m’attacher d’emblée à cette fille ayant tout pour elle. La grâce, la beauté, la classe. Hasard ou illusion ? Cette Rebecca m’a fait aussi penser bien sûr à celle, tristement célèbre, de Daphné du Maurier.

De cette rencontre fulgurante, va naître un récit vif et haletant, entrecoupé de rires et de larmes, de guerres et de ruptures, de souvenirs passés impossibles à revivre au présent. En couchant sur le papier une idylle a priori facile et bien jolie, Adélaïde de Clermont-Tonnerre tisse les fils d’une saga historique dont il est difficile de se détacher, une histoire poignante et vibrante qui a continué de me hanter même une fois que j’avais, à regret, refermé le livre. Ce qui est bluffant aussi, et m’a beaucoup plu, c’est le fait que le narrateur, de sexe masculin, sache si bien retranscrire ce que pense un homme. Et ce qu’est une femme. 

À lire… entre toutes les mains.